Relu par Dr Pierre Panel, chirurgien gynécologue-obstétricien, spécialiste de l’endométriose
L’endométriose est dite hormono-dépendante c’est-à-dire qu’elle fluctue et se réveille au rythme des variations hormonales et plus particulièrement de celles des oestrogènes. La logique des praticiens consiste aujourd’hui à faire baisser le taux d’oestrogènes pour apaiser les symptômes et à contrebalancer cette baisse avec de la progestérone. Les pilules, oestroprogestatives ou progestatives (micro ou macro), constituent donc la réponse toute trouvée pour faire face à l’endométriose. Un traitement proposé en premier recours relativement efficace puisqu’il fonctionnerait pour 2/3 des femmes atteintes d’endométriose.
Oui mais voilà… Pour diverses raisons (génétiques, immunitaires…) qu’on ne maîtrise pas (encore !), un tiers des femmes développent une forme de résistance à la progestérone (contenu dans les pilules oestroprogestatives, micro ou macro progestatives) et tolèrent donc difficilement la pilule.
Dans ce cas, la ménopause artificielle (GnRHa de son petit nom scientifique) peut être proposée. Elle consiste à stopper la machine reproductive pendant un temps afin d’apaiser les symptômes de la maladie. Par sa dimension temporaire, elle se distingue de la ménopause naturelle qui marque la fin de l’ovulation et l’arrêt des règles et de l’hystérectomie avec annexectomie (fait de retirer l’utérus, les trompes et les ovaires), elle aussi définitive.
Contrairement à un traitement hormonal classique, la ménopause artificielle nécessite un suivi particulier. Elle impose, en effet, au corps de lourds changements et constitue en cela un traitement loin d’être anodin. Elle s’accompagne donc de la prise d’un traitement associé qu’on appelle l’add-back therapy. Son but : atténuer les effets secondaires importants et parfois brutaux de la ménopause artificielle.
Si la pilule en continu a vocation à équilibrer la dose d’oestrogènes produite par le corps naturellement, la ménopause artificielle agit, elle, sur une neurohormone, la GnRH, produite par des neurones du cerveau (par l’hypothalamus pour être précis !). La ménopause artificielle contrôle la sécrétion des deux principales hormones du cycle menstruel : la FSH (hormone folliculostimulante) et la LH (hormone lutéinisante).
Les injections d'analogues (ou ménopause artificielle) entrainent un arrêt complet des sécrétions d'hormones par les ovaires et donc une absence totale d'hormones (estrogène et progestérone) dans le sang. Alors que la prise d'un traitement hormonal ne fait que freiner le taux d'estrogène circulant auquel s'ajoute le progestatif du traitement éventuellement associé à des estrogènes. Pour simplifier et résumer, la pilule en continu a pour action de bloquer les règles au niveau de l'appareil reproducteur quand la ménopause s'attaque aux agents de la reproduction et de l’ovulation directement au niveau du cerveau.
Pilule en continu ou ménopause artificielle, il est donc question, dans les deux cas, de bloquer les règles et de contrôler les fluctuations hormonales liées aux cycles menstruels afin d’agir sur les symptômes de l’endométriose. Si la ménopause artificielle constitue un traitement bien plus lourd que la pilule et ne peut être proposée en première intention, elle peut aussi s’avérer très efficace face à l’endométriose.
Trouver la réponse la plus adaptée, le bon suivi pour votre endométriose n’est pas une mince affaire. Certes. Mais, ne perdez pas espoir car de multiples options s’offrent à vous : traitements hormonaux, médicamenteux, constitution de votre équipe de praticiens spécialisés, recherche de solutions alternatives basées sur votre mode de vie (alimentation, activité physique, sommeil, relaxation…),... La quête peut être longue mais le jeu en vaut la chandelle !
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