Relu par Dr Pierre Panel, chirurgien gynécologue-obstétricien, spécialiste de l’endométriose
La ménopause, par définition, c’est l’arrêt pur et simple de toute la mécanique à l’origine de l’ovulation, des règles et donc de la période reproductive. On a beau savoir que c’est loin d’être une partie de plaisir, quand on souffre d’endométriose, on en rêverait presque, voire on l’attend de pied ferme pour enfin mettre un terme à tous nos désagréments.
En général, la ménopause survient autour de la cinquantaine et est considérée comme précoce lorsqu’elle apparaît avant 45 ans. La ménopause dite artificielle est, elle, provoquée chimiquement. C’est précisément elle qui nous intéresse car elle peut faire office de traitement de l’endométriose, lorsque le traitement hormonal ne suffit pas ou plus à calmer les douleurs.
OK sur le papier, ça semble simple et séduisant : stopper la machine infernale pour en finir avec la souffrance mais concrètement, comment ça fonctionne et quels sont les effets ? Déclencher la ménopause artificielle implique de prendre un traitement (la GnRHa ou "agoniste de l'hormone de libération de la gonadotrophine") qui va se charger de mettre complètement à plat les hormones libérées lors des différentes phases du cycle menstruel. Et ce n’est pas rien !
Si la ménopause est artificielle, c’est-à-dire provoquée et temporaire, les effets secondaires sont bien réels (et bien costauds) et doivent être régulés. Place alors à l’« add-back therapy ». L’add-back therapy, c’est un traitement hormonal substitutif et annexe dont le rôle est de contrer les désagréments naturellement causés par l’inaction de certaines hormones.
Vous aussi, vous la voyez, la contradiction ? Encore une ! L’endométriose est coutumière du fait.
Qui dit “ménopause artificielle” dit suppression des hormones permettant à l'endométriose de se manifester. Qui dit “ménopause artificielle” dit aussi réintroduction d’hormones avec l’add-back therapy. Qui pourrait re-stimuler l’endométriose… Vous suivez ?
Là encore, tout est question de dosage et d’accompagnement par des professionnels de santé de confiance pour trouver le bon équilibre entre les traitements. N’oubliez pas, on ne rappellera jamais assez, que, pour vous soulager et/ou pour calmer les effets secondaires des traitements, vous avez aussi des leviers d’actions du côté de votre mode de vie via l’alimentation, l’activité physique ou encore la gestion du mental…
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