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Quels traitements pour les douleurs de l’endométriose ?

Relu par Dr Delphine Lhuillery, médecin de la douleur, spécialiste de la prise en charge des douleurs chroniques liées à l’endométriose

Adoptons le principe du meilleur pour la fin en évacuant tout de suite la mauvaise nouvelle : il n’existe aujourd’hui aucun traitement pour guérir définitivement de l’endométriose. Voilà, c’est dit. Ça peut sembler un peu brutal et fataliste, ce n’est pas du tout l’objectif ! C’est simplement qu’en attendant que ce soit le cas (vous voyez : on est remplies d’espoir !), on préfère se concentrer sur ce qui est disponible là maintenant pour soulager les symptômes de l’endométriose et rendre le quotidien avec la maladie un peu plus doux. 

Avant de rentrer dans le vif du sujet, rappelons :

  • que chaque personne atteinte d’endométriose est unique et peut réagir différemment aux différents traitements qui peuvent lui être proposés. 
  • qu’il y a autant d’endométrioses que de femmes
  • que cet article ne fait pas office de consultation médicale : l’auto-médication est déconseillée. Consulter un professionnel de santé, c’est vous assurer d’être guidée vers une solution adaptée à votre situation, vos antécédents, votre âge, et bien d’autres critères qui vous sont propres. Tout ce « background santé » personnel joue dans le choix du traitement proposé.

  • Le traitement hormonal en continu

C’est le traitement de première intention. L’endométriose, comme vous le savez peut-être ou n’allez pas tarder à le savoir, est une maladie dite hormono-dépendante. Les hormones qui nourrissent les cellules de l’endomètre sont les oestrogènes. Pour diminuer la production de ces hormones, on va chercher à bloquer les règles. C’est ce qu’on appelle l’aménorrhée. On propose dans ces cas-là, la prise de la pilule en continu (contraception par oestroprogestatifs) ou un stérilet libérant des hormones (SIU au LNG). Petit plus, la pilule en continu permettrait de limiter le développement de l’endométriose, faisant stopper le saignement des lésions existantes à chaque cycle. 

En deuxième intention, une contraception microprogestative au désogestrel, pilule contenant de la progestérone, ou encore l’implant peuvent  être proposés. Ces traitements hormonaux ne contiennent pas les mêmes hormones. Petit rappel : la progestérone est l’hormone sécrétée chez les femmes à chaque cycle à partir de la phase d’ovulation. Contrairement aux oestrogènes qui ont pour but d’épaissir la muqueuse (l’endomètre) en début de cycle, la progestérone agit en complément afin de préparer le corps à une possible fécondation. L’objectif est de trouver la dose d’hormones qui agit le mieux chez vous : plus d’oestrogènes ? de progestérone ? Chez deux tiers des patientes, la progestérone va être efficace sur les symptômes de l’endométriose. Mais pour des raisons inconnues, chez un tiers d’entre elles, une sorte de barrière contre la progestérone se forme, et le traitement est alors inefficace. Chaque femme réagit différemment selon les hormones administrées, toutes n’expérimentent pas les mêmes effets secondaires, car chacune a ses propres doses d’hormones naturellement C’est pourquoi vous testez généralement plusieurs pilules avant de trouver le bon traitement.

  • La ménopause artificielle

Lorsque les traitements mentionnés plus haut ne conviennent pas, la ménopause artificielle entre en scène. On l’appelle aussi “analogue de la GN-Rh”, c’est son petit nom scientifique. Ce traitement opère d’importantes modifications hormonales. Peu étonnant quand on sait que le principe de la ménopause artificielle est de couper purement et simplement toute production d’hormones liée aux cycles menstruels. Elle s'accompagne donc d’effets secondaires lourds parmi lesquels des douleurs osseuses, des bouffées de chaleurs, de la sécheresse vaginale, des variations de l’humeur. Bref, on adore ! Pour pallier à ces effets pour le moins désagréables, la ménopause artificielle s’accompagne de ce qu’on appelle une “add-back thérapie”, c’est-à-dire un traitement complémentaire qui vient réintroduire une petite dose d’oestrogènes pour rééquilibrer la situation.

  • Les anti-inflammatoires (alias les AINS)

Pour lutter contre la douleur, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS comme on dit dans le jargon) sont souvent proposés. Le rôle ? Bloquer la formation et la production de prostaglandines, responsables de l’inflammation. Le plus connu ? L’ibuprofène. Ils sont souvent prescrits par un médecin, ou tout simplement en vente libre en pharmacie. Attention toutefois au risque de dépendance ! Il est conseillé de ne les prendre qu’en période de règles au risque d’effets secondaires.

  • Les antiépileptiques et les antidépresseurs (à visée antalgique) 

Ce ne sont pas les premiers à nous venir en tête lorsque l’on cherche un anti-douleur contre l’endométriose, mais les antiépileptiques et les antidépresseurs (à visée antalgique) peuvent présenter un effet contre les douleurs, notamment les douleurs neuropathiques. N’hésitez pas à vous adresser à un médecin de la douleur pour discuter de ces options.

  • La chirurgie

La chirurgie de l’endométriose peut-être envisagée :

  • lorsque les traitements ne suffisent pas ou plus
  • lorsqu’il y a un arrêt des traitements dans le but de concevoir un enfant ET que l’opération est nécessaire pour la fertilité

L’acte chirurgical est alors réalisé par coelioscopie dans le but de retirer nodules et lésions d’endométriose. Malheureusement, on ne peut pas affirmer que la chirurgie apporte des solutions à long terme, notamment lorsque l’endométriose se propage sur des organes comme la vessie, le côlon, le rectum. On ne peut donc multiplier cet acte à l’infini dans le seul but de soulager les symptômes. La chirurgie doit rester ponctuelle et être réalisée par un chirurgien spécialiste de l’endométriose. Pour creuser sur le sujet de la chirurgie de l’endométriose, retrouver l’interview du chirurgien gynécologue Horace Roman sur le mag Lyv. 

  • Quelques solutions complémentaires :

En complément des traitements purement médicaux, de nombreuses options complémentaires ou alternatives peuvent être explorées. Parmi elles, on peut citer l'ostéopathie et la kinésithérapie, les médecines douces comme la sophrologie,  la psychologie (notamment les thérapies comportementales et cognitives), ainsi que la mise en place de changements au niveau du mode de vie via l’alimentation (notamment anti-inflammatoire), le sport ou encore la relaxation, les huiles essentielles, les compléments alimentaires

Et après ?

À la ménopause, avec l’arrêt des menstruations, les symptômes de l’endométriose diminuent voire disparaissent. Il n’est pourtant pas rare que les douleurs chroniques aient été enregistrées par le corps, et continuent de se réveiller de temps à autre. Keep calm, cela ne veut pas dire que vous souffrirez toute votre vie ! La clé, c’est d’apprendre à connaître vos symptômes, vos douleurs et de constituer pas à pas, au fil du temps, votre propre kit de soin (médecins à votre écoute, alimentation, activité physique…), votre boîte à outils (préventive et de secours). Elle pourra vous servir aussi à tout instant.

Sources

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Autres références : 

“Endométriose. Diagnostic et prise en charge” de Erick Petit, Delphine Lhuillery, Jérôme Loriau et Eric Sauvanet - novembre 2020 - Elsevier

“Tout sur l’endométriose. Soulager la douleur, soigner la maladie” de Dr Delphine Lhuillery, Dr Erick Petit et Dr Eric Sauvanet - février 2019 - Odile Jacob

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