Où en est la recherche sur l'endométriose aujourd'hui ?

Plus on se documente sur l’endométriose, plus on se rend compte du flou artistique qui plane autour de la maladie. Un flou dû notamment au fait que jusqu’à il y a une vingtaine d’années, très peu d’articles scientifiques avaient été publiés sur la maladie. Bonne nouvelle : ça progresse ! 

Pour preuve, la cohorte de recherche ComPaRe-Endométriose dédiée à l’endométriose est actuellement en pleine étude. Ce projet est coordonné par l’épidémiologiste Marina Kvaskoff qui nous l’a elle-même présenté à l’occasion d’une interview accordée au mag Lyv. ComPaRe-Endométriose “s’insère dans un projet plus global sur les maladies chroniques qui s’appelle ComPaRe (Communauté de Patients pour la Recherche). Toute personne francophone de plus de 18 ans, qui a une ou plusieurs maladies chroniques peut s’inscrire sur le site ComPaRe, pour faire avancer la recherche sur sa ou ses maladies. Dans cette cohorte, qui inclut déjà 50 000 patients. L’objectif c’est d’aller jusqu’à 100 000. Il y a aujourd’hui 11 000 personnes atteintes d’endométriose et/ou d'adénomyose. On fait un appel général aux personnes atteintes : il suffit de s’inscrire sur le site https://compare.aphp.fr, et là on leur demande de répondre à des questionnaires tous les mois. Leurs réponses sont très précieuses pour nous permettre d’avancer, ensemble, sur la recherche sur l’endométriose”.

Du côté de l’Inserm (Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale), des études sur l’endométriose sont également en cours, à partir des données récoltées par ComPaRe-Endométriose. Une première analyse porte sur les facteurs associés à un délai de diagnostic plus ou moins long. Une seconde analyse porte sur la prise en charge des personnes atteintes, s’intéressant à la question “Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous dans votre prise en charge ?”. 

D’autres recherches sur d’autres thématiques sont en cours dans divers centres hospitaliers et instituts. Les techniques d’imagerie et de chirurgie sont analysées par plusieurs hôpitaux lillois (Jeanne de Flandre), lyonnais (la Croix Rousse) et rouennais (CHU). L’Institut Cochin travaille, de son côté, sur l’une des causes possibles de l’endométriose : le stress oxydatif. Enfin, des travaux sur le lien entre le risque de fausses couches et l’endométriose sont aussi en cours.

Le nerf de la guerre côté recherche : les financements. Et ce, d’autant plus lorsque l’on parle d’endométriose ! L’ampleur du sous-financement de la recherche sur l’endométriose est largement soulignée dans l’étude de Ellis de 2022 : “Endometriosis is Undervalued : A Call to Action”. Elle révèle d’ailleurs que le budget pour la recherche sur le diabète chez les femmes serait 15 fois supérieur (!) à celui alloué à l’endométriose alors que les deux maladies touchent environ le même nombre de femmes… Aberrant. 

La bonne nouvelle malgré tout, c’est que la recherche ne cesse de se développer ! Évidemment, cela peut paraître très lent quand on souffre mais les choses bougent.  On recensait entre 400 et 450 articles par an sur l'endométriose dans les revues scientifiques internationales dans les années 90. A partir des années 2000, le nombre de publications n'a cessé de croître pour atteindre 2100 en 2021. Bref, les chercheurs s’affairent et ça nous remplit d’espoir.