Relu par Dr Erick Petit, radiologue spécialiste de l'endométriose
La liste n’est pas exhaustive, c’est dire si les symptômes de l’endométriose sont multiples. Parfois associés, parfois pas, ils sont plus ou moins intenses en fonction des cas, des périodes… Nous sommes d’accord, c’est bien ça le problème. La multiplicité et la disparité des symptômes de l’endométriose s’explique notamment par la variété des zones atteintes possibles (il y en a beaucoup, vraiment beaucoup !) et l’étendue de la maladie. C’est d’ailleurs pour ça qu’on dit qu’il n’y a pas une mais des endométrioses. On comprend alors mieux les tâtonnements, le retard de diagnostic de la maladie et le parcours de combattantes que vivent celles qui en souffrent.
Pour y voir plus clair et peut-être vous aider dans votre parcours de diagnostic, voici la liste des principaux symptômes de l’endométriose, selon la Haute Autorité de Santé :
L’infertilité et autres “dys”-fonctionnements cités plus haut ne constituent malheureusement pas les seuls symptômes de l’endométriose. Elle peut aussi provoquer :
Vous l’aurez compris (ou malheureusement, vous ne le savez que trop bien), les symptômes de l’endométriose sont intrinsèquement liés à l’expérience de la douleur. Qu’elle soit nociceptive (c’est-à-dire due à une inflammation des tissus) ou neuropathique (liée à un dysfonctionnement du système nerveux et de certains nerfs qui envoient des messages anormaux de douleur), les douleurs de l’endométriose peuvent être aïgues, lancinantes et devenir insupportables et handicapantes.
Ce qu’il faut retenir de ce grand fatras d’informations qui peut angoisser, c’est que la chronicité est commune aux différents symptômes de l’endométriose. Des règles ponctuellement douloureuses ou des rapports sexuels perturbés de temps en temps ne sont pas considérés comme des indicateurs fiables de présence de la pathologie. Si les symptômes surviennent régulièrement et évoluent ou s’intensifient, l’endométriose peut alors être suspectée.
Pour finir et épaissir un peu plus le grand mystère de l’endométriose, l'absence de corrélation “anatomoclinique”, comme on dit dans le jargon, est une caractéristique majeure de la maladie. Ça veut dire qu’on peut en être atteinte de manière importante anatomiquement et ne ressentir que très peu voire pas du tout de douleurs. Dans ce cas, il peut arriver que la maladie soit diagnostiquée à l'occasion de difficultés liées à la fertilité. À l'inverse, l'intensité des douleurs peut-être maximale et handicapante alors que l'endométriose est anatomiquement très modérée voire minime. Il existe également des cas dans lesquels elle est présente mais passe inaperçue. Aucune douleur, aucun symptôme ne sont ressentis, elle reste asymptomatique. On estime que 20 à 25 % des personnes atteintes d’endométriose sont concernées. Quand on est symptomatique, on rêverait presque d’être à leur place ! Et bien, on peut faire bien plus que rêver : lorsqu’on trouve le bon équilibre entre suivi médical et mode de vie (alimentation, activité physique, gestion du stress), il est possible de devenir asymptomatique ou quasi asymptomatique.
Pour résumer, on se passerait volontiers de tout ça mais de même qu’il faut de tout pour faire un monde, il semblerait qu’il faut de tout pour faire l’endométriose. Présence de symptômes ou pas, cumul ou pas, localisations, intensités, ressentis divers, tout est possible. Seul un diagnostic médical sérieux auprès des spécialistes permettra de détecter votre endométriose, de comprendre vos symptômes et de trouver les solutions et traitements adaptés pour les apaiser.
Synthèse de la recommandation de bonne pratique. Prise en charge de l’endométriose - Démarche diagnostique et traitement médical. HAS - Haute Autorité de Santé ; CNGOF (Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français); 2017.
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Autres références :
Dr Delphine Lhuillery, Dr Erick Petit, Dr Eric Sauvanet, Tout sur l’endométriose, Soulager la douleur, Soigner la maladie, Odile Jacob, Février 2019.