Relu par Dr Delphine Lhuillery, médecin de la douleur, spécialiste de la prise en charge des douleurs chroniques liées à l’endométriose
Comme toute médaille a son revers, tout traitement s’accompagne de son lot d’effets secondaires qu’il est difficile d’anticiper et de contrôler, chaque cas étant unique. De ce point de vue là, la pilule n’est pas en reste. Dressons la liste des petits (et grands) désagréments qu’elle peut engendrer.
La pilule en continu est un traitement hormonal quotidien, pris tout au long du cycle, généralement sans interruption même si elle peut nécessiter de courtes pauses d’une semaine en cas de saignement. Elle s’accompagne, dans la majorité des cas, d’un arrêt des règles et d’une partie des douleurs associées, ce qui, avouons-le, est assez pratique et séduisant. Elle n’a, en revanche, aucun effet sur les douleurs neuropathiques.
À bon dosage, l’alliance d’oestrogènes et de progestérone (à noter : toutes les pilules ne sont pas composées des deux hormones) peut limiter l’information douloureuse. Mais cet équilibre est subtil et trop ou pas assez d’oestrogène ou de progestérone peuvent, au contraire, l’amplifier.
Pour être efficace au niveau contraceptif, la pilule doit être prise à heure fixe. Ce que l’on sait moins, c’est que cette régularité permet aussi de réduire certains effets secondaires comme l’apparition de petits saignements - dits spottings -. Si les spottings apparaissent en début de traitement, pas de panique, ils peuvent disparaître progressivement le temps que le corps s’habitue.
Parmi les effets secondaires provoqués par la pilule, on trouve :
Un pur bonheur, quoi.
Si chaque traitement s‘accompagne de son lot d’effets secondaires funs au possible, tous ne concernent évidemment pas toutes les femmes. Encore heureux ! Quoi qu’il en soit, il faut généralement quelques semaines ou mois pour que le corps s’adapte. Certains effets peuvent donc survenir au début puis disparaître totalement avec le temps. Patience donc…mais pas trop ! Un traitement ne doit pas vous mener la vie dure plus de quelques semaines. Si après 3 mois, vos douleurs sont toujours présentes, votre moral toujours dans les chaussettes et votre quotidien toujours perturbé, sollicitez le corps médical, médecin, gynécologue, sage-femme, posez vos questions, faites part de vos ressentis. Vous aurez toujours le libre choix et la possibilité de changer de pilule ou de l’arrêter.
Dire stop à un traitement, c’est bien sûr s’exposer au risque de récurrence de la douleur (c’est le cas pour 17 à 34% de femmes). C’est repartir dans une longue quête du graal pour soulager les symptômes de la maladie. Mais c’est aussi se prendre en main et d’une certaine manière, ne plus accepter de subir. Des options, il n’y en a pas mille, c’est vrai, mais il en existe alors mettez votre équipe médicale au défi de trouver la bonne pour vous et avec vous. Et parce que vous aussi, vous avez un rôle à jouer pour reprendre le contrôle sur la maladie, on ne peut que vous encourager à envisager également des changements au niveau de votre mode de vie (alimentation, activité physique, gestion du stress…). Ça aide, vraiment.
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