Relu par Dr Pierre Panel, chirurgien gynécologue-obstétricien, spécialiste de l’endométriose
S’il existe aujourd’hui peu d’alternatives à la pilule, l’intérêt pour cette question est grandissant. Qu’il s’agisse de contrer des effets secondaires, de pallier à l'inefficacité des traitements, de faire face au désespoir après plusieurs changements de pilule, de gérer un projet de grossesse, de trouver des solutions complémentaires pour s’apaiser, nombreuses sont celles qui s’interrogent et remettent en question le recours automatique à la pilule.
Pour la Haute Autorité de Santé, si la pilule (traitement de première intention) ne fonctionne pas ou n’est pas supportée, le Diénogest® est recommandé en seconde intention lorsque l’endométriose est douloureuse. Le Diénogest® qu’est-ce que c’est ? Et bien…c’est une pilule également, mais plus forte, un médicament qui exerce un puissant effet progestatif. Il agit sur l’endométriose en réduisant la production d’oestrogènes, responsables de l’inflammation de l’endomètre et des cellules qui y ressemblent. En gros, le Diénogest® en continu permet de bloquer les règles comme une pilule en continu mais avec son fort effet progestatif (hyperprogestogénique, dit-on dans le jargon), il calme en profondeur les douleurs et les symptômes liés aux lésions d’endométriose. Alternative à la pilule ? Oui mais non, puisque le Diénogest® s’y apparente et agit sur les hormones.
Lorsqu’aucun traitement hormonal ne convient, certaines peuvent vouloir se diriger vers ce qu’on appelle les “inhibiteurs de l’aromastase”, c’est-à-dire un médicament pour les femmes présentant des symptômes résistants à l’hormonothérapie. Sachez que cette solution n’est, en général, pas proposée en cas d’endométriose, car ce médicament, particulièrement fort, est prescrit uniquement en cas de cancer du sein chez des femmes ménopausées. Le corps arrête alors totalement sa production d’oestrogènes, ce qui peut soulager dans l’immédiat MAIS générer de nombreux effets délétères à long terme, comme la perte de densité osseuse, les bouffées vasomotrices (alias le rougissement intense du visage et du cou), des bouffées de chaleur…
Conclusion : difficile de trouver une alternative médicamenteuse à la pilule satisfaisante pour faire face à l’endométriose. Dans ce cas, l’exploration de méthodes naturelles alternatives, sans hormone, s’envisage pour mieux vivre l’endométriose au quotidien. Alimentation (anti-inflammatoire), psychologie, ostéopathie, kinésithérapie, sophrologie, médecines “douces”, compléments alimentaires, CBD, mode de vie, activités physiques, sommeil, le champ des possibles est vaste… Une fois de plus, ces méthodes doivent être mises en oeuvre avec l’aide de spécialistes et de professionnels de santé dans le cadre d’une prise en charge pluri-disciplinaire. Ainsi accompagnée, vous pourrez constituer votre propre boîte à outils contre les symptômes.
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