Relu par Dr Pierre Panel, chirurgien gynécologue-obstétricien, spécialiste de l’endométriose
Quel est le point commun entre l’actrice américaine Lena Dunham, la chroniqueuse française Enora Malagré ou encore la comédienne Lorie Pester ? Toutes 3 ont fait ce choix radical et courageux de recourir à l’hystérectomie pour soulager leur endométriose. Disons soulager, parce que l’hystérectomie, comme les autres traitements, ne guérit pas totalement l’endométriose.
Qu’est-ce que l’hystérectomie, exactement ? En deux mots, c’est l’ablation de l’utérus et, quand on est touchée par l’endométriose, ça pourrait ressembler à la fin des problèmes. Et bien non, pas vraiment, et compte tenu des lourdes conséquences qu’elle implique, elle reste le tout dernier recours dans la gestion de l’endométriose. Désir d’enfant ou pas, cet acte chirurgical ne peut être proposé à n’importe quelle patiente. Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, il ne s’agit pas d’une “solution miracle”. Certes, l'hystérectomie peut grandement soulager mais ce n’est pas parce qu’on retire certains organes que l’endométriose disparaît. Elle s’accompagne, de plus, d’importants effets secondaires. On fait le point sur ce sujet.
Info number 1 : Indéniablement, l’hystérectomie présente, pour les patientes qui en ont besoin, des effets positifs, notamment en termes de réduction des douleurs. C’est le cas principalement et logiquement en présence d'adénomyose puisqu’il s’agit de l’endométriose interne au muscle utérin, qui disparaît au cours de l’hystérectomie. Le chirurgien spécialiste de l’endométriose, Horace Roman, confirme : “Je propose l’hystérectomie à toutes les patientes qui ne veulent plus d’enfants et qui ont de l’endométriose et de l’adénomyose. Mais ce n’est qu’une option.”
Info number 2 : L’hystérectomie est rarement proposée aux femmes de moins de 35 ans. En cause ? Les effets secondaires et les risques à long terme. On parle d’une ménopause irréversible, ménopause chirurgicale, qui a les mêmes conséquences qu’une ménopause naturelle : évidemment, plus de possibilité de tomber enceinte, mais aussi tous les “petits” à-côtés qu’on adore (non) : bouffées de chaleur, irritabilité, prise de poids, baisse de la libido etc. Et attendez, ça c’est la partie visible de l’iceberg. À long terme, il existe aussi des risques d’ostéoporose (maladie fragilisant les os) précoce. Sans compter les conséquences psychologiques ou les risques de descente d’organes (soit un glissement vers le bas d’un ou plusieurs organes pelviens). On arrête ici, car le but c’est pas de vous filer des angoisses mais de vous donner une vision à 360° de la balance bénéfice-risque.
Info number 3 : L’hystérectomie est une opération qui peut être réalisée sous plusieurs formes selon le problème et l’âge de la patiente :
- l’hystérectomie : retirer l’utérus
- l’hystérectomie accompagnée d’une annexectomie bilatérale : les trompes de Fallope et les ovaires sont également retirées.
Info number 4 : En dehors du traitement de l’endométriose et plus particulièrement de l’adénomyose, l’hystérectomie peut aussi être réalisée en cas de fibromes utérins, de prolapsus, de douleurs pelviennes intenables ou de cancer de l’utérus et des ovaires.
Pour conclure, disons donc que cet acte irréversible et loin d’être anodin, comporte certes de sacrés avantages mais mérite une longue réflexion. Si vous l’envisagez, n’hésitez pas à solliciter un deuxième voire un troisième avis. En effet, l’hystérectomie peut apparaître comme la solution la plus immédiate, radicale et définitive pour abréger vos insupportables et trop longues souffrances. Mais il y a aussi de très mauvaises surprises... Renseignez-vous, récoltez des témoignages, prenez le temps de considérer d'autres solutions pour soulager vos douleurs, de consulter dans un centre spécialisé ou de vous faire accompagner par un algologue par exemple.
Niro J, Panel P. Intérêt de l’hystérectomie avec ou sans annexectomie bilatérale dans le traitement chirurgical de l’endométriose, RPC Endométriose CNGOF-HAS. Gynécologie Obstétrique Fertilité & Sénologie 2018;46(3):314–8.
Zondervan KT, Becker CM, Missmer SA. Endometriosis. New England Journal of Medicine 2020;382(13):1244–56.