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Nos droits chez le gynécologue : ma consultation d’endométriose idéale

Publié le 
21/1/2022

Ce matin, je me lance dans un article dont j’appréhendais la rédaction : un article sur nos droits en consultation gynécologique. Les articles autour des droits et du juridique sont rarement funs, c’est sûr, mais se pencher sur les droits dans la sphère gynécologique, ça me fout presque mal à l’aise. Alors pourquoi ce petit malaise ?

Parce que je ne sais pas vous, mais dans mon parcours avec l’endométriose, j’en ai eu des rendez-vous où j’ai eu la sensation de voir mes droits et mon intégrité en tant que patiente s’envoler par la fenêtre. Alors aujourd’hui je vais faire ma lettre au père Noël, ou plutôt, ma lettre à tous les spécialistes de l’endométriose, pour leur faire part de mes attentes, de mes rêves d’une consultation idéale, et en profiter pour faire un petit point sur nos droits.

Préambule

Dans le joyeux monde de l’endométriose, les rapports patients-soignants peuvent parfois être tendus. Je voudrais donc commencer en précisant l’ambition derrière cet article : mon but n’est pas de dire que les soignants sont tous méchants, sans empathie, ou pire, violents. Fort heureusement, beaucoup ont vocation à nous aider, à nous accompagner, et ce avec toute la bienveillance du monde, et la modestie qu’impose le flou autour de l’endométriose.

Mon but, ici, est de faire un point sur nos droits en tant que patientes, afin que nous puissions les faire respecter dans notre suivi d’endométriose. Pour lutter contre la maladie, nous devons agir main dans la main, patientes et soignants, et cela commence par une bonne connaissance des droits de chacun, et du respect de l’autre. Et maintenant, entrons dans le vif du sujet !

 

Dans ma consultation idéale, le gynécologue ne me juge pas

Dans les articles de presse, sur les réseaux sociaux, dans des reportages… J’ai vu à de nombreuses reprises des témoignages de femmes victimes de violences verbales de la part de gynécologues. Sur leur apparence physique, sur leur anatomie, sur leur vie sexuelle, et j’en passe. Pour ne donner que quelques exemples lus à plusieurs reprises : « C’est de votre faute si je vous fait mal, vous êtes trop grosse », « La meilleure contraception c’est de fermer les cuisses », bref un vrai florilège de bienveillance.

Des remarques plus que choquantes, surtout dans le cadre d’un rendez-vous gynécologique, on se livre dans toute notre intimité face à un inconnu. Un acte loin d’être anodin psychologiquement, qui peut être difficile pour nombre d’entre nous. Lorsqu’on ajoute à cela des jugements mal venus sur notre corps ou notre mode de vie, cela peut créer de vrais complexes, voire des traumatismes. Si votre gynécologue se permet des remarques qui n’ont pas lieu d’être, mieux vaut donc chercher un autre spécialiste. Et émettre un jugement sur son manque de professionnalisme, tant qu’à faire. 

Comme le rappelle la Charte de la consultation en gynécologie et obstétrique publiée par le CNGOF (Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français), les consultations et examens doivent se dérouler « dans un esprit de bienveillance et de respect mutuel ». Dans ma consultation idéale donc, mon spécialiste de l’endométriose m’aide à me sentir à l’aise avec mon corps, et n’émet aucun jugement. 

 

Dans ma consultation idéale, le spécialiste de l’endométriose répond à mes questions

Durant mon parcours, j’ai rencontré de nombreux spécialistes de l’endométriose différents. Certains très pédagogues et à l’écoute, enclins à répondre à toutes mes questions. D’autres ont préféré ignorer mes questionnements, quand ils ne m’ont pas envoyé bouler. La palme d’or revient au spécialiste qui a préféré m’affirmer que la prise d’hormone était 100 % safe « puisque ce sont des éléments naturellement présents dans le corps », plutôt que de répondre à ma question sur les effets secondaires possibles. Je vous laisse juger de l’exactitude scientifique de cette affirmation (spoiler alerte, c’est carrément faux).

Peut-être avez-vous vécu des situations semblables. Dans le cas où votre spécialiste refuse de répondre à vos questions ou ne prend pas le temps, mieux vaut insister, ou aller voir un autre soignant. Connaître votre maladie, et les implications qui en découlent, est un droit fondamental.

Néanmoins, seule face à l’impressionnante blouse blanche, on a parfois bien du mal à prendre la parole, ou à poser des questions de l’ordre de l’intime. Mais n’ayez crainte, il s’agit de votre corps, de votre maladie, de votre quotidien, et sachez que vous êtes tout à fait en droit de poser toutes les questions que vous souhaitez ! Qu’elles concernent l’endométriose, ses causes, ses traitements, votre vie sexuelle, votre alimentation… votre spécialiste doit vous apporter les éléments de réponse dont il dispose, ou vous orienter vers un confrère qui pourra vous répondre.

Dans ma consultation idéale, le gynécologue ne m’impose pas d’examens

« Aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment. » Art. L. 1111 – 4, loi n° 2022-303 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé.

La loi ne pourrait être plus claire, et pourtant, elle n’est clairement pas encore appliquée par tous. En témoignent les différentes affaires de violences gynécologiques – dont des examens forcés – qui ponctuent l’actualité.

Dans la sphère gynécologique, les examens touchent nécessairement à l’intime et peuvent être vécus comme une véritable intrusion. Il n’est simple pour personne de se mettre à nu (littéralement) face à un professionnel de santé, et encore moins de le laisser manipuler notre corps, notre intimité. Sachez donc que vous avez tout à fait le droit de refuser un examen, de le stopper en cours si vous êtes mal à l’aise, ou de demander un délai pour vous y préparer psychologiquement.

Comme le rappelle la charte du CNGOF : « L’examen doit pouvoir être interrompu dès que la patiente en manifeste la volonté. Aucune pression, en cas de refus, ne sera exercée sur elle ; il convient alors de l’informer de l’éventuelle nécessité d’un nouveau rendez-vous pour réaliser l’examen, si celui-ci est indispensable, et de l’informer des limites diagnostiques et thérapeutiques que cette absence d’examen clinique peut entraîner. »

 

 

Dans ma consultation idéale, le professionnel de santé ne me met aucune forme de pression

Dans la prise en charge de toute maladie, aucune pression ne doit être exercée sur le patient pour qu’il accepte tel ou tel traitement, tel ou tel examen. Les professionnels de santé ont un rôle d’expert que l’on vient consulter, un rôle de conseiller d’une certaine manière : ils nous donnent leur point de vue sur notre situation et nous exposent les solutions possibles, à la lumière de leurs connaissances. Néanmoins, il nous appartient, en tant que patient, de suivre leurs recommandations ou non. Mon corps, mon choix.

Bien sûr, dans la grande majorité des cas, les conseils des soignants visent à nous aider à aller mieux, et on ne vous dira jamais de refuser toute forme d’accompagnement médical. Néanmoins, face à une maladie encore peu connue comme l’endométriose, les professionnels de santé, y compris les spécialistes de l’endométriose, ne sont pas tous d’accord sur l’approche thérapeutique de certains cas. Nous sommes nombreuses à avoir obtenu des avis médicaux complètement différents, si ce n’est contradictoires. La meilleure manière d’agir pour notre santé est alors de se documenter un maximum sur notre maladie, pour prendre nos décisions en toute connaissance de cause.

Dans ma consultation idéale donc, mon spécialiste ne me pousse pas à subir une chirurgie dont je n’ai pas besoin, il ne me pousse pas à prendre un traitement hormonal si je ne le souhaite pas, il ne me pousse pas à subir un examen si je ne souhaite pas le faire. Vous avez le droit de ne pas suivre l’avis de votre spécialiste, ou d’aller demander un second avis. Le tout est de garder à l’esprit les conséquences thérapeutiques du refus et de veiller à ne pas mettre votre santé en danger en laissant la maladie se propager.

Connaître vos droits pour mieux les faire respecter

La meilleure manière de faire respecter vos droits est de bien les connaître, afin d’être capable de réagir lorsqu’une situation y porte atteinte, et éventuellement, de prendre des dispositions légales si besoin. Après cette petite liste de souhaits, faisons donc un résumé des droits des patientes en consultation gynécologique :

·       Vous avez droit à un accueil et à une écoute dans le respect et la bienveillance ;

·       Vous devez fournir un accord oral pour tout examen. Vous avez le droit de refuser un examen, de l’interrompre en cas de problème. L’examen clinique n’est par ailleurs pas systématiquement nécessaire ;

·       Les objectifs et modalités des examens ou des traitements proposés doivent vous être expliqués ;

·       Vous n’êtes pas obligée de vous déshabiller intégralement pour l’examen clinique, et le cabinet doit être aménagé de sorte à pouvoir vous déshabiller dans le respect de votre pudeur ;

·       La présence d’un tiers soignant – dans le cadre d’une formation par exemple – est soumise à votre consentement. Vous pouvez tout à fait refuser la présence d’un stagiaire ou d’un interne si elle vous met mal à l’aise ;

·       Aucun traitement ou examen ne doit vous être administré contre votre gré ;

·       Toute agression physique ou verbale est interdite par la loi et vous êtes en droit de porter plainte pour toute violence – sexuelle ou non - survenue lors d’un rendez-vous ;

·       Toute discrimination en raison du sexe, de l’origine, de la situation familiale, de l’apparence physique, de l’âge, de la religion, ou de l’état de santé est punie par la loi.

Pour en savoir plus sur les droits des patientes en gynécologie et en obstétrique, on vous invite à lire le rapport « Les actes sexistes durant le suivi gynécologique et obstétrical » publié par le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes. Afin d’en savoir plus sur les violences gynécologiques et obstétricales, vous pouvez consulter les ressources proposées par Stop Vog. On vous invite aussi à répondre à l'enquête Mon corps Mon accord, lancée par la Société de Chirurgie Gynécologique et Pelvienne pour lever le voile sur les abus dans le cadre des consultations gynécologiques.

Parfois, nous nous rendons compte qu’une consultation nous a mise mal à l’aise, sans être capable de dire si, oui ou non, une dérive a été commise. Ces documents peuvent vous apporter des éléments de réponse. Mais surtout, faites-vous confiance et écoutez votre instinct : si quelque chose vous a mis mal à l’aise, si vous appréhendez de revoir le gynécologue consulté, alors écoutez-vous et allez voir un autre spécialiste.

Vous avez été victime d’un comportement inadapté en consultation ? N’hésitez pas à vous tourner vers les associations dédiées à l’endométriose, ou vers Stop Vog, pour trouver une oreille attentive et des conseils. Seconde étape : consulter un.e avocat.e pour faire un point sur vos droits, et si vous le souhaitez, déposer une plainte auprès de la police.

Il n’est jamais facile de partager des expériences si douloureuses, mais c’est en brisant le silence, en prenant la parole, en pointant le problème du doigt, que nous pouvons faire entendre nos voix et exiger le respect de nos droits. Et c’est promis, vous ne serez pas seule.

Source

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Gaëlle Delhon

Hello, moi c'est Gaëlle, Content Manager & Rédactrice pour Lyv, engagée dans l'endo-révolution et pour la planète ! Retrouvez mon travail sur gaelledelhon.fr

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