Parler d’endométriose et de maternité, c’est souvent parler de problèmes de fertilité. On le sait, environ 30 % à 40 % des femmes souffrant d’endométriose rencontrent des difficultés à procréer[1]. On évoque, en revanche, un peu moins les autres. Celles qui parviennent à devenir mère. Que se passe-t-il quand le bébé tant attendu pointe le bout de son nez ? Comment concilier sa vie de maman et sa vie d’endogirl ? On fait le point, dans cet article dédié aux (actuelles et futures) endomoms !
Devenir parent est un vrai tsunami dans la vie. Il faut apprendre à s’occuper d’un nouveau-né, gérer la charge mentale qui s’installe peu à peu. Et ce n’est pas toujours simple pour la maman, qui en plus, doit gérer la fatigue liée à l’accouchement. Cette période nous demande aussi d’apprendre à vivre avec ce nouveau corps et c’est parfois très difficile (coucou #MonPostPartum). Et comme si ça ne suffisait pas, à ces difficultés viennent parfois s’ajouter les différents symptômes de l’endométriose.
En effet, ce n’est pas toujours évident de concilier sa vie de maman avec la fatigue chronique, les troubles digestifs, une vessie capricieuse, les douleurs des règles, voire les douleurs chroniques dans certains cas ! Mais les Endomoms n’ont pas le choix. C’est ce qui fait que nous sommes de véritables warriors.
On le sait, après un accouchement, le corps a ensuite besoin de repos. Il faut récupérer à tout prix, pour pouvoir jouer son rôle de mère, ô combien important dans les premiers mois de la vie d’un enfant. Cela l’est encore plus pour les femmes sujettes à l’endométriose : il faut vous ménager. Soyez à l’écoute de votre corps, prenez du temps pour vous ressourcez, pour vous reposer, afin de démarrer votre “nouvelle vie” du bon pied, et de pouvoir faire face aux douleurs.
Vous la voyez venir la métaphore du masque à oxygène à mettre d’abord sur son visage avant d’aider les autres dans l’avion ? C’est peut-être un classique, mais c’est terriblement vrai. On peut être tentée par manque de temps de « zapper » ses visites chez l’ostéopathe, chez le kinésithérapeute, laisser tomber le sport ou les étirements qui peuvent faire tant de bien… Grosse erreur ! Devenir maman ne sous-entend pas oublier de faire passer sa santé en premier. Cela doit être et rester une priorité.
Vous l’avez bien compris : on n’oublie pas de s’accorder du temps pour soi ! Qu’il s’agisse d’une douche de 15 minutes ou d’une balade seule de 30 minutes dans la journée, on prend du temps pour ce qui nous fait du bien, nous soulage. Les rendez-vous d’endo, on y va avec courage et motivation, parce qu’ils nous permettent bien souvent de mieux vivre avec la maladie. Et qu’il est indispensable de garder un suivi régulier.
Cela peut s’avérer difficile lorsque l’on a peu d’aide, de soutien, ou que l’on est maman solo. Dans ce cas, tous les moyens sont permis. On fait appel à un copain, une copine, de la famille, pourquoi pas à un voisin sympa, ne serait-ce que pour souffler un moment.
N’hésitez pas à fréquenter les centres de PMI (protection maternelle et infantile). Composés d’une équipe pluridisciplinaire, (pédiatres, auxiliaires de puériculture, sages-femmes, psychologues), ces lieux peuvent vous être d’un grand secours quand vous vous sentez seule ou perdue. Au-delà des professionnels sur place, on peut aussi rencontrer d’autres parents pour échanger. Pour trouver les coordonnées d’une PMI près de chez vous, rendez-vous sur le site de votre commune.
Bien sûr, tout cela s’avère plus facile à écrire qu’à faire. Pourquoi ? Tout d’abord, parce que trop souvent, maternité rime avec culpabilité ! On s’autoflagelle en se disant qu’on n’est jamais assez : jamais assez présente, prévenante, active, pomponnée… Vous les connaissez ces injonctions ?
Celles-ci prennent malheureusement encore plus d’importance en cas d’endométriose. Lorsque l’on se retrouve dans l’impossibilité de courir avec son enfant, que l’on n’a plus d’énergie pour lui préparer un repas « maison » ou jouer à un jeu de société… Cela nous rajoute une couche de culpabilité, cette sensation de ne pas être une maman comme les autres.
Et pourtant, il ne faut pas avoir honte de rester au lit, sous sa couette avec sa bouillotte, s’il nous est impossible de bouger. Vous pouvez tout à fait vous reposer quand le besoin se fait sentir. Mais pour le faire de manière sereine, la communication est de mise, tant avec votre entourage, votre partenaire, qu’avec votre petit bout !
Le meilleur conseil que l’on puisse vous donner, c’est de parler, d’expliquer l’endométriose avec des mots simples et rassurants, expliquer pourquoi on a besoin de se reposer ! Les enfants ont la capacité extraordinaire de s’adapter et de comprendre les choses, vous le verrez. Il vaut mieux leur expliquer clairement les choses que de laisser s’installer un climat d’incertitude ou d’inquiétude quand maman ne va pas bien.
Lorsque j’ai expliqué à ma fille que je ne pouvais pas courir aussi vite qu’elle, elle devait avoir 3 ans. Je l’ai extrêmement mal vécu. J’avais l’impression d’être une « mère défaillante », une mauvaise mère… Pourtant pas elle ! Je m’en rends compte aujourd’hui qu’elle est un peu plus âgée.
Ma fille comprend totalement que j’ai parfois besoin de calme, de repos. Elle comprend aussi que souvent, les activités trop physiques ou tout simplement la préparation du repas du soir, eh bien c’est papa ! Nous, on trouve parfois d’autres moments : lire une histoire dans son lit avec une tisane aux herbes et une bouillotte est aussi un merveilleux moyen de créer du lien, tout en prenant du plaisir ! Ma fille a aussi très bien compris pourquoi il n’y a pas d’enfant n°2 dans notre famille. Et je vous assure, elle le vit très bien. Si elle pouvait « botter ses fesses » comme elle le dit, à l’endométriose, elle le ferait !
Autre conseil essentiel, qui paraît pourtant évident : déléguez ! Déléguer au papa, à l’autre maman, aux amis, à l’entourage, des tâches du quotidien. Même les petites tâches les plus simples ; ces moments qui ne sont plus à votre charge vous permettront de souffler, de reprendre des forces. Vous connaissez l’adage : « Il faut tout un village pour élever un enfant » !
Il n’existe pas de mère parfaite, que les choses soient dites ! Chacun fait de son mieux. Ce n’est pas parce qu’on ne peut pas courir tous les samedis avec son enfant, que l’on n’est pas disponible 24h/24, que l’on ne peut pas lui apporter toute l’affection et toute l’attention dont il a besoin. Votre enfant appréciera beaucoup plus les moments de qualité que vous passerez avec lui lorsque vous serez reposée.
Pour réussir à vaincre ce syndrome de la culpabilité aiguë, n’hésitez pas à en discuter avec d’autres mamans. Nous partageons toutes les mêmes sentiments ambivalents. En parler à un professionnel peut également aider. Cela a été mon cas, pour faire le deuil de la mère que je ne serai pas.
Interrogez-vous aussi sur votre échelle de valeurs, vos objectifs de vie. Qui avez-vous envie d’être ? Quel modèle souhaitez-vous donner à votre enfant ? Il n’existe pas de réponse parfaite. Elle est propre à chacune.
La méditation, la sophrologie, peuvent également être de véritables soutiens pour réussir à prendre du recul, se recentrer, penser à ce que l’on veut vraiment.
Alors n’oubliez pas, en tant qu’endomoms, prenez soin de vous, du temps pour vous, c’est essentiel. Et parlez … Ouvrez-vous aux autres, vous verrez, vous trouverez toujours une oreille attentive !
[1] Source : « Les idées reçues contre l’endométriose », Février 2021, Editions le Cavalier bleu.