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Causes de l'endométriose : la faute à quoi ?

Publié le 
10/2/2022


Ce n'est pas nouveau : même en ce début d'année 2022, à l'heure où les recherches se font de plus en plus nombreuses, les causes de l'endométriose sont encore à la fois diverses et floues. Ou plutôt floues, car diverses. Et pas encore toutes démontrées. Figurez-vous que l'origine de l'endométriose a beau être un mystère, c'est aussi la bête noire de nombreux chercheurs : on a beau avoir de nombreuses pistes, en réalité, aucune n'est favorisée par rapport à une autre pour expliquer pourquoi certaines femmes ont de l'endométriose, et d'autres, non. Tout ce qu'on sait, c'est que les chercheurs s'accordent à dire que les causes sont pour 50% génétiques (innées) et 50% environnementales (acquises) (1). Mais ce n'est pas une raison pour ignorer les travaux en cours, et pour relever les possibles origines de la maladie. Pour tenter d'y voir un peu clair, il va falloir s'accrocher, mais pas de panique, on est là pour vous guider.



J'ai de l'endométriose… mais pourquoi ? 

En clair, si on ne s'est pas encore entendu sur les causes de l'endométriose, c'est que, d'après la Haute Autorité de Santé, « C’est une maladie multifactorielle, résultant de l’action combinée de facteurs génétiques et environnementaux, et de facteurs liés aux menstruations. » Rien que ça. Marina Kvaskoff, la chercheuse et épidémiologiste spécialiste de l'endométriose que nous avons rencontrée, confirme les différentes pistes actuellement poursuivies : «  Il y a la piste génétique, la piste immunitaire, hormonale, inflammatoire, celle des perturbateurs endocriniens… ». Alors… en piste ! Découvrons ensemble les (possibles) facteurs de risque de l'endométriose, ces éléments qui influencent (ou non) le fait d'être concernée (ou non) par la maladie. 


Les facteurs de risque de l'endométriose 

Des règles précoces, des cycles courts et des IMC bas  

Toujours d'après Marina Kvaskoff, les femmes qui ont leurs règles précocémment et/ou qui ont des cycles courts (≤ 27 jours) - ce qui signifie que leurs règles reviennent plus souvent -, et/ou un indice de masse corporel faible, ont plus de "chances" d'être touchées par l'endométriose. Ces pistes sont également soutenues par d'autres chercheurs (2), comme une équipe du Boston Children's Hospital and Harvard Medical School, qui ajoute qu'un faible poids à la naissance pourrait être lié à l'apparition d'une endométriose. Les cycles longs (≥ 29 jours) quant à eux, diminueraient le risque d'être concernée par l'endométriose d'après une équipe de l'Académie de médecine intégrative de Tianjin en Chine (3). Bien entendu, ce ne sont que des pistes, et toutes les endo-warriors ne sont pas grandes et minces, avec des premières règles à 10 ans et des cycles de 20 jours ! Mais l'idée ici est de relever les tendances les plus fréquemment observées chez les patientes. 


Quand les perturbateurs endocriniens s'en mêlent 

Outre les conditions de naissance, la morphologie ou les caractéristiques d'un cycle menstruel, les perturbateurs endocriniens ne sont a priori pas innocents dans l'apparition de la maladie : ils peuvent aussi être, dans certains cas, considérés comme une cause de l'endométriose. Ceux qu'on surnomme gentiment les "PE" sont en réalité, d'après l'OMS, « une substance ou un mélange qui altère les fonctions du système endocrinien et de ce fait induit des effets néfastes dans un organisme intact, chez sa progéniture ou au sein de (sous)-populations. »

Quant au système endocrinien, il s'agit, toujours d'après l'OMS, de « nombreux tissus en interaction qui communiquent entre eux et avec le reste de l'organisme par des corps en utilisant une signalisation médiée par des molécules appelées hormones. Il est responsable du contrôle d'un grand nombre de processus dans l'organisme, y compris les processus précoces, tels que la différenciation cellulaire pendant le développement et la formation d'organes, ainsi que la plupart des fonctions des tissus et à l'âge adulte. » Soit. Mais quel lien avec l'endométriose ?  



Il se trouve que selon Marina Kvaskoff, « certains perturbateurs endocriniens qui ont été associés à un risque accru d’endométriose. Cela concerne les polluants organiques persistants (les POPS) : les polychlorobiphényles, les pesticides organochlorés, les dioxines. Ce sont majoritairement des perturbateurs qui ne sont plus autorisés dans la production industrielle. Mais (...) il y a certains perturbateurs endocriniens, toujours en circulation, pour lesquels on n’a pas tellement d’informations. »

Ici aussi, d'autres chercheurs confirment le rôle de facteurs environnementaux tels que les PE dans le développement d'une endométriose. Selon une équipe de chercheurs italiens (4), certains d'entre eux sont plus impliqués que d'autres. Le chercheur relève surtout « l'exposition aux composés organochlorés » se trouvant dans des solvants, pesticides, insecticides et autres produits chimiques ou pharmaceutiques. Si cette piste est très sérieusement considérée, on ne l'appelle pas "piste", pour rien : elle doit encore être démontrée, d'après la Haute Autorité de Santé (HAS) et le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) (5), et il en va de même pour les facteurs génétiques


Endométriose et hérédité : l'endo en héritage 

Il y a des héritages dont on se passerait bien. Parmi eux, l'endométriose : selon une revue de la littérature menée par des chercheurs italiens et américains (6), « un grand nombre de facteurs "interconnectés, potentiellement hérités et acquis" interragissent avec l'endométriose. » Mais encore une fois, les faits restent à prouver. Si  la Haute Autorité de Santé (HAS) et le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) (5) avancent que « le risque de développer une endométriose pour les apparentées au premier degré est 5 fois plus élevé que dans la population générale », il ajoute tout de même que « l’identification des variants génétiques impliqués dans la maladie reste très incomplète. » Ici aussi, le lien entre l'endométriose et l'hérédité reste à creuser, mais elle a le mérite d'exister. 


Les facteurs psychologiques de l'endométriose

Outre ces facteurs physiques, une étude américaine publiée dans l'importante revue Human Reproduction (7) fait le lien entre des traumatismes physiques et/ou sexuels, leur impact psychologique et le développement de l'endométriose. Dans le rapport, on peut lire : « Les sévices sexuels et physiques subis au début de la vie (durant l'enfance) sont associés à un risque accru d'endométriose. » Ce qui permet aux chercheurs d'affirmer cela, c'est la comparaison de femmes n'ayant signalé aucun abus physique ou sexuel avec des femmes qui avaient subi des abus physiques graves : ces dernières avaient 1,2 fois plus de chance d'avoir une endométriose. Quant à celles qui ont connu des abus sexuels graves, elles avaient 1,5 fois plus de chance d'être diagnostiquées de la maladie.

Chez les femmes qui ont déclaré avoir subi des sévices chroniques graves de types multiples, on a constaté une augmentation de 79 % du risque d'endométriose. En d'autres mots, plus les abus sont sévères et répétés, plus le risque de développer la maladie est élevé. Grâce à la même étude, on a aussi pu s'apercevoir que la corrélation entre ces abus et l'endométriose était plus forte chez les femmes qui connaissent de fortes douleurs liées à la maladie, que chez celles qui connaissent des problèmes de fertilité

Loin de signifier que "l'endométriose, c'est dans la tête", ces résultats témoignent du lien évident entre la psychologie - soit la science ayant pour but de comprendre la structure et le fonctionnement de l'activité mentale et des comportements qui lui sont associés -, et la condition physique. 



Les mécanismes de l'endométriose 

Si on peut retenir certaines causes de l'endométriose, il existe aussi des mécanismes qui expliquent le développement de la maladie : ce sont des fonctionnements du corps qui font que l'on développe ou non de l'endométriose. Ces mécanismes sont encore en cours d'études, et aucune théorie n'est à exclure : chacune permet d'expliquer une partie des cas. 

Actuellement, voici donc les trois principaux mécanismes hypothétiques : 

- Les menstruations rétrogrades, soit des fuites de sang et de fragments d'endomètre par les trompes durant les règles et favorisant l'implantation de lésions endométriales dans l'abdomen. Nota bene : les menstruations rétrogrades ne provoquent de l'endométriose dans tous les cas. 

- Le passage de cellules de l’endomètre utérin dans le sang ou la lymphe lors des règles, ce qui les fait migrer dans d'autres organes, « un peu à la manière dont les cellules cancéreuses forment les métastases », d'après le site Vidal

- La transformation des cellules du péritoine (aka la membrane qui soutient les organes de l’abdomen) en cellules de ressemblant à de l’endomètre. Il s'agit de l’hypothèse dite « métaplasique ».

Est-ce que ces différents facteurs, causes et mécanismes réunis, nous aident aujourd'hui à prévenir, plutôt qu'à guérir l'endométriose ? Rien n'est moins sûr. D'abord, ils doivent être prouvés et ensuite, ce n'est pas parce que l'on peut expliquer l'origine de la maladie que l'on peut forcément empêcher son développement… Mais peut-être que cela accompagnera la recherche de traitements. Alors, gardons espoir ! 

Source

  1. Zondervan KT, Becker CM, Missmer SA. Endometriosis. New England Journal of Medicine 2020;382(13):1244–56
  2. Shafrir AL, Farland LV, Shah DK, Harris HR, Kvaskoff M, Zondervan K, et al. Risk for and consequences of endometriosis: A critical epidemiologic review. Best Practice & Research Clinical Obstetrics & Gynaecology 2018;51:1–15
  3. Wei M, Cheng Y, Bu H, Zhao Y, Zhao W. Length of Menstrual Cycle and Risk of Endometriosis: A Meta-Analysis of 11 Case-Control Studies. Medicine 2016;95(9)
  4. Caporossi L, Capanna S, Viganò P, Alteri A, Papaleo B. From Environmental to Possible Occupational Exposure to Risk Factors: What Role Do They Play in the Etiology of Endometriosis? International Journal of Environmental Research and Public Health 2021;18(2)
  5. Borghese B, Santulli P, Marcellin L, Chapron C. Définition, description, formes anatomo-cliniques, pathogenèse et histoire naturelle de l’endométriose, RPC Endométriose CNGOF-HAS. Gynécologie Obstétrique Fertilité & Sénologie 2018;46(3):156–67.
  6. Laganà AS, Garzon S, Götte M, Viganò P, Franchi M, Ghezzi F, et al. The Pathogenesis of Endometriosis: Molecular and Cell Biology Insights. International Journal of Molecular Sciences 2019;20(22):5615.
  7. Harris HR, Wieser F, Vitonis AF, Rich-Edwards J, Boynton-Jarrett R, Bertone-Johnson ER, et al. Early life abuse and risk of endometriosis. Human Reproduction 2018;33(9):1657–68. 

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Anaïs Koopman

Endogirl, journaliste et consultante éditoriale indépendante, je m'intéresse surtout à la santé des femmes, à la parité, à la culture, à la société et au travail… qui participent à la construction d'un monde meilleur !

Retrouvez moi sur Instagram : @anakoop

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