Yoga et endométriose
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3 raisons de se mettre au yoga quand on a de l'endométriose

Publié le 
27/2/2024

À ce jour, même si certaines options médicamenteuses existent, on ne connaît pas de traitement curatif pour guérir de l’endométriose. Or, les symptômes de la maladie, allant des douleurs abdominales aux complications liées à la fertilité en passant par les troubles digestifs, les douleurs neuropathiques, et une foule d’autres joyeusetés, peuvent avoir un impact considérable sur notre qualité de vie. Beaucoup se tournent donc vers des solutions naturelles pour soulager l’endométriose, comme l’alimentation ou encore le mouvement. La Haute Autorité de Santé et de nombreux professionnel.le.s de santé spécialisé.e.s recommandent en effet la mobilité douce, et en particulier la pratique du yoga, aux personnes atteintes d’endométriose (Dr Lhuillery dans cette interview, par exemple). Pour diverses raisons, cette pratique peut effectivement s’avérer un allié précieux face aux douleurs provoquées par la maladie et améliorer le bien-être des personnes touchées. Tout ça, vous le savez certainement déjà mais savez-vous vraiment comment le yoga agit sur l’endométriose ? Je vous explique ce que l’on sait.  

Pourquoi moi ? Je m’appelle Hannah Bensoussan, je suis professeure de yoga depuis 8 ans, formée à l’Ecole Française de Yoga (en 4 ans, 900h) et en Inde (200h), diagnostiquée de l’endométriose depuis 7 ans, membre du Résendo en tant que psychologue clinicienne, et j’enseigne le yoga adapté aux personnes atteintes d’endométriose. Entre vécu et preuve scientifique, je vous propose de nous arrêter sur quelques-unes des meilleures raisons de pratiquer le yoga quand on a de l’endométriose.

Première raison : Si l’endométriose fige, le yoga remet en mouvement

Très schématiquement, on pourrait dire que là où l’endométriose passe, le mouvement trépasse et que ça fait très mal. Mais comment ça se fait au juste ? Il y a notamment deux raisons à cela. La première : le mécanisme d’adhérences dont vous avez sûrement entendu parler et qui a pour conséquence de “bloquer” les zones atteintes par l’endométriose. Autre cause d’immobilité des tissus : la douleur. Dans ce cas, disons que plus on a mal, plus les zones concernées se crispent. Et plus elles se crispent, plus elles sont douloureuses. Bref, on est face à un cercle vicieux. À cela s'ajoute la fatigue, maillon supplémentaire non négligeable de ce cercle vicieux et raison de moins de se mettre en mouvement. 

C’est là que le yoga entre en jeu : via une mobilité douce, adaptée, régulière, il peut contribuer à contrer ces effets, aider à réintégrer le mouvement dans les zones “coincées”, et ainsi jouer un rôle bénéfique face aux douleurs. C’est pas moi qui le dit (enfin si, mais), c’est la science (aussi). Une étude brésilienne a par exemple montré une réduction significative des douleurs et une augmentation de la qualité de vie après 8 semaines de yoga (90 minutes, 2 fois par semaine). [1]

Deuxième raison : Le yoga réduirait le stress, l’anxiété et, indirectement, l’inflammation

J’aime à dire qu’en yoga, on apprend à suivre sa joie. Bien plus qu’une pratique posturale, le yoga est une philosophie holistique, d’union (c’est d’ailleurs un des sens du mot yoga : union) et d’apaisement qui peut avoir des effets sur toutes les parts de soi : corps et esprit, émotions et mental. Un des principes fondamentaux du yoga est guidé par la définition de la notion de posture dans les “Yoga Sutra” (un des textes fondamentaux du yoga) : “sthira sukha”, c’est-à-dire l’aisance dans la fermeté. Selon cette définition, une posture de yoga permet de trouver la juste place, ni dans la mollesse (qui reviendrait au très compréhensible “je ne bouge pas quand j’ai mal”) ni dans la brusquerie (dont on a souvent l’habitude quand on a de l’endométriose : se forcer à faire même quand le corps dit stop). C’est trouver un espace de douceur, où on écoute ce dont le corps a besoin, ce qui pourrait l’aider, le soulager. Cette philosophie de l’écoute, du non jugement et de la recherche de justesse pour le corps associée au fait de ralentir, de respirer, d’étirer et d’engager les muscles participent, selon moi, à l’effet apaisant du yoga. Un apaisement qui constitue l’un des bienfaits du yoga dans la gestion des maladies chroniques (dont l’endométriose fait partie) puisqu’il réduirait le stress [2] et, avec lui, certains mécanismes de l’inflammation [3].

Troisième raison : Le yoga agit directement sur plusieurs symptômes de l’endométriose

Le yoga ne se substitue évidemment pas à votre parcours de soins ou aux autres solutions que vous pouvez mettre en place. Disons qu’il s’y ajoute et peut s’avérer bénéfique dans votre quotidien avec la maladie avec un effet direct (constaté par mes soins et/ou étudié) sur certains symptômes. Lesquels ? 

  • Les douleurs de règles (ou dysménorrhées) [4] : Les postures centrées sur la détente et le renforcement de la zone abdominale et sur l’engagement du plancher pelvien, tout comme la respiration, font partie intégrante de la pratique du yoga. Les mouvements respiratoires permettent un effet “massage” de tout le bas ventre qui peut réellement apaiser les douleurs de règles, même les plus aiguës. Alors je sais qu’il n’est pas évident de se décider à bouger quand on est plié.e en deux pendant les règles (moi-même, je l’oublie, et je suis bien contente de l’enseigner pour me le rappeler), mais une fois qu’on s’y met, on peut être très surpris.e de combien ça soulage ! 
  • Les troubles digestifs : Certaines postures, en particulier les torsions qui “essorent” et les renforcements abdominaux permettent de stimuler et soulager le système digestif.
  • Les douleurs neuropathiques : La relaxation, l’activation du système parasympathique, l’apaisement du système nerveux provoqués par le yoga peuvent aussi avoir un effet significatif sur les douleurs neuropathiques [5]
  • Les douleurs pelviennes et sexuelles : On travaille beaucoup le plancher pelvien en yoga, et cela, associé à la pleine conscience et à la respiration, peut avoir des effets fabuleux sur les douleurs pelviennes, et aider à (re)construire une connexion douce avec la sexualité. [6] [7]
  • Les douleurs au niveau du dos, lombalgies et sciatiques : C’est un des effets du yoga le plus étudiés [8] [9] : les douleurs lombaires et les sciatiques, très fréquentes chez les personnes atteintes d’endométriose, peuvent être réduites significativement grâce au yoga, en particulier par son action sur les muscles : les abdominaux, les pyramidaux, le carré des lombes (je suis une grande fan du carré des lombes !), et toute la région du bassin. 
  • La fatigue chronique : Cela peut sembler contre-intuitif quand on est trop épuisé.e pour bouger, mais un exercice physique adapté peut réduire la fatigue chronique, et le yoga tout particulièrement [10].

J’ai également pu observer d’autres effets bénéfiques du yoga  : 

  • Mobilité du bassin : de nombreuses postures de yoga permettent d’étirer et renforcer les hanches, les aines, le bas ventre, les muscles pyramidaux, les quadriceps, les ischio-jambiers… tous ces espaces du corps qui se tendent à cause de l’endométriose et figent le bassin. Selon moi, retrouver de la mobilité dans cette zone, c’est se sentir plus libre au quotidien : être plus à l’aise assise, marcher plus aisément, danser dans son salon, tout ça !
  • Crises et endobelly : J’ai aussi pu constater que la pratique du yoga pouvait aider à soulager dans les périodes les plus compliquées : douleurs les plus aiguës,  spasmes,  ballonnements, endobelly. Il est arrivé souvent qu’un.e élève qui arrive avec le ventre très dur, gonflé et douloureux soit étonné.e de le découvrir tout tranquille après une séance à mobiliser la zone, à respirer profondément, redonner du mouvement au diaphragme (souvent, quand on a mal, il se fige).

Avec tout ça, vous vous demandez peut-être encore si le yoga est vraiment fait pour vous et adapté à vos besoins. Sachez qu’il existe des cours focus endométriose mais aussi diverses approches de yoga doux qui peuvent tout à fait vous correspondre. Vous pouvez ainsi trouver des cours centrés sur certains des symptômes évoqués plus haut qui vous aideront à comprendre et à vous approprier la pratique pour améliorer votre quotidien avec la maladie. Bien sûr, tout ça dépend des professeur.e.s, et il s’agit de tester mais voici ce que je peux vous dire, pour finir, sur la base de mon expérience et des cours que je donne : Un bon cours de yoga, ce n’est pas un endroit où il est indispensable d’être souple, “baraqué”, capable d’acrobaties incroyables ou encore un lieu où il faudrait absolument connaître les noms de toutes postures en sanskrit. Je le dis parce que je sais que c’est une discipline qui peut être intimidante. Rassurez-vous, un des principes du yoga, c’est justement de sortir de la performance. Le yoga s’adapte à la personne, et non l’inverse ! Voilà, j’espère que cet article vous aura donné envie de tenter l’expérience et je serais ravie de vous retrouver sur le tapis si l’envie vous en dit !

Source

[1] Gonçalves AV, Barros NF, Bahamondes L. The Practice of Hatha Yoga for the Treatment of Pain Associated with Endometriosis. J Altern Complement Med. 2017 Jan;23(1):45-52. doi: 10.1089/acm.2015.0343. Epub 2016 Nov 21. PMID: 27869485.

[2] Streeter C.C., Whitfield T.H., Owen L., et al. (2010). Effects of yoga versus walking on mood, anxiety, and brain GABA levels: a randomized controlled MRS study. J Altem Complement Med 2010; 16: 1145-52.

[3] Cho, H. K., Moon, W., & Kim, J. (2015). Effects of yoga on stress and inflammatory factors in patients with chronic low back pain: A non-randomized controlled study. European Journal of Integrative Medicine, 7(2), 118-123. 

[4] Li-Wei Chien, Hui-Chi Chang, and Chi-Feng Liu.Effect of Yoga on Serum Homocysteine and Nitric Oxide Levels in Adolescent Women With and Without Dysmenorrhea. The Journal of Alternative and Complementary Medicine. Jan 2013. 20-23. http://doi.org/10.1089/acm.2011.0113

[5] Bhardwaj, Praag#,1; Ahuja, Navdeep#,2; Parchani, Ashwin1; Singh, Shiana3; Sethi, Dilasha4; Pathania, Monika1. Yoga as a complementary therapy in neuropathic pain: A systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials. Journal of Family Medicine and Primary Care 12(10):p 2214-2222, October 2023. | DOI: 10.4103/jfmpc.jfmpc_2477_22

[6] Brotto, L. A., Mehak, L., & Kit, C. (2009). Yoga and Sexual Functioning: A Review. Journal of Sex & Marital Therapy, 35(5), 378‑390.

[7] Russell, N., Daniels, B., Smoot, B., & Allen, D. D. (2019). Effects of yoga on quality of life and pain in women with chronic pelvic pain: systematic review and meta-analysis. Journal of Women’s Health Physical Therapy, 43(3), 144-154.

[8] Tekur, P., Nagarathna, R., Chametcha, S., Hankey, A., & Nagendra, H. R. (2012). A comprehensive yoga programs improves pain, anxiety and depression in chronic low back pain patients more than exercise: An RCT. Complementary Therapies in Medicine, 20(3), 107-118. 

[9] Goode, A. P., Coeytaux, R. R., McDuffie, J., Duan-Porter, W., Sharma, P., Mennella, H., Williams, J. W. (2016). An evidence map of yoga for low back pain. Complementary Therapies in Medicine, 25, 170-177. 

[10] Oka et al.: Isometric yoga improves the fatigue and pain of patients with chronic fatigue syndrome who are resistant to conventional therapy: a randomized, controlled trial. BioPsychoSocial Medicine 2014 14:27. doi:10.1186/s13030-014-0027-8

Yoga et endométriose

Hannah Bensoussan

Je m’appelle Hannah Bensoussan, je suis professeure de yoga depuis 8 ans, formée à l’Ecole Française de Yoga (en 4 ans, 900h) et en Inde (200h), diagnostiquée de l’endométriose depuis 7 ans, membre du Résendo en tant que psychologue clinicienne, et j’enseigne le yoga adapté aux personnes atteintes d’endométriose.

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